DEAD HERO (punk/oi! 80s Bogotá COL) / ULTRA RAZZIA (oi! Montréal QC)
PRIMATOR CREW (label Rennes FR)
(avril 2020)
split 12" sorti chez Primator Crew le 19/03/2020
Merci à la Famille pour la correction
On l'attendait de pied ferme ce split entre les québécois d'ULTRA RAZZIA et les colombiens de DEAD HERO. Assez surpris à l'annonce de ce split, mais finalement, au vu des influences des 2 groupes (heu??? Blitz???), ça colle plutôt énormément bien. On a décidé de leur poser quelques questions. Et Paula répond pour la première fois à une interview en français !
ULTRA RAZZIA DEAD HERO
A1/ Alrdmm B1/ Todo O Nada
A2/ Perte Totale B2/ Falsas Promesas
A3/ Les Lignes Blanches B3/ Ocultando La Realidad
A4/ Les Boulevards B4/ Solar (Blitz cover)
A5/ Nos Chemins
A6/ En Vain
english version (SOON)
spanish version (PRONTO)
ULTRA RAZZIA DEAD HERO
A1/ Alrdmm B1/ Todo O Nada
A2/ Perte Totale B2/ Falsas Promesas
A3/ Les Lignes Blanches B3/ Ocultando La Realidad
A4/ Les Boulevards B4/ Solar (Blitz cover)
A5/ Nos Chemins
A6/ En Vain
english version (SOON)
spanish version (PRONTO)
ULTRA RAZZIA :
Salut les gens, ça va ? Qui répond ? Vous avez été activistes de la scène avant d'être dans Ultra Razzia, Dead Hero ?
Martin UR : Oui jʼai joué dans plusieurs groupes punk dont deux groupes de hardcore aux influences 80ʼs avec Carlos, le chanteur dʼUltra Razzia, appelés SCARLET BEAST et LYSERGIC. Jʼai toujours fait partie de la scène punk de Montréal depuis 1993, à 12 ans je fréquentais déjà les concerts, comme jʼétais plus grand pour mon âge et bien sûr armé de fausses cartes, j'étais pas mal dans tous les concerts intéressants. Il mʼarrive assez souvent de remplacer des bassistes dans des groupes qui ont des problèmes de dernière minute. Jʼai joué avec Legion 76, Lionʼs Law, The Oppressed, Les Stitches, Thunder and Glory et Dead Hero. Je suis aussi membre à temps plein des Prowlers et Force Majeure.
Paula DH : Non, Dead Hero a été mon premier groupe.
On est en pleine période de pandémie mondiale de coronavirus. Vous vivez ça comment ? Ça a eu des répercussions sur le groupe ?
Martin UR : Ça va bien, mais on ne peut pas répéter, cʼest le seul souci. Disons que cʼest le temps dʼécrire des chansons chacun de notre côté et de tout rafistoler ça une fois tous réunis.
Paula DH : En ce moment nous vivons dans des endroits différents et à cause de la distance nous ne répétons pas beaucoup avec le groupe. La pandémie nous a fait un peu mal et nous étions ravis de nous revoir car nous avions prévu une mini-tournée au Québec en mai et à cause du virus nous avons dû l'annuler.
En tout cas, ça ne vous a pas empêché de sortir un nouveau disque. Vous nous en touchez un mot ?
Paula DH : Nous avons fait quelques chansons pour notre tournée au Japon, publiées par Discos Peligrosos. Lors de cette tournée Marty nous a accompagnés, il a aimé les chansons et nous a invités à faire un split avec son groupe. Pour nous c'était une excellente idée car Ultra Razzia est un très bon groupe.
Martin UR : Le côté d' Ultra Razzia a été enregistré en Mars et Juillet 2019 mais on a pris du retard alors comme vous pouvez l’imaginer nous n’avions jamais imaginé cette situation de pandémie. Disons que le moment est vraiment nul comme on ne peut pas faire de lancement ou de promotion physique.
[dead hero] Paula, je trouve que tu chantes différemment que sur les précédents disques de Dead Hero ? T'es quand même beaucoup moins énervée ? Je me trompe ? Le tempo a pas mal ralenti aussi.
Je ne suis pas une personne timide quand je chante devant beaucoup de gens mais clairement au fil du temps, j'ai un peu travaillé pour améliorer ma voix et mes performances. Dans notre dernier travail, nous voulions faire quelque chose de différent de ce qui précède et mettre une petite mélodie sur la voix mais je pense que ce n'est pas mon truc hahah.
[ultra razzia] Comment ça se fait que moi, français, j'ai l'impression de comprendre la plupart de vos paroles mais pas tout. C'est pourtant très bien écrit en français, y'a point de « Criss » ou de « Tabarnak ». Je suis le seul à vous dire ça ?
Comme nous ne sommes pas Français nous chantons dans un français Québécois mais quand même soigné pour que la francophonie mondiale nous comprenne. Les mots que vous ne saisissez pas cʼest la partie qui reste identitaire à notre langage du quotidien. Je peux vous assurer que nous aussi à titre dʼexemple on ne comprend pas tous les Marseillais ou les Bretons.
DEAD HERO :
[dead hero] Comment décrirais tu le style de Dead Hero ? Un mélange de Cockney Rejects et de Blitz ? Vous avez d'ailleurs repris un morceau de Blitz dans le split avec UR. Pourquoi Blitz ? Pourquoi ce morceau ? Si vous deviez refaire une reprise de Cockney Rejects, ça serait laquelle ?
Clairement, notre idée depuis le début était de sauver ce son de la première vague oi! dans nos compos, vous pouvez voir une grande influence de ces groupes. Nous avons décidé de faire cette reprise (ndlr: "Solar") parce que nous aimons vraiment cette chanson et nous voulions aussi faire quelque chose de différent de l'habituel. il y a quelques années nous avons enregistré Bad Man (de Cockney Rejects) pour un label appelé Aggrobeat mais nous n'avons pas été plus loin dans le projet donc nous l'avons laissé de côté.
[ultra razzia] Vous, vous avez un son plus lourd que DH bien que très blitzien (surtout sur la démo), plus post-punk aussi sur ce split. Le groupe est encore en train de chercher son son ? Ou alors c'est voulu de proposer quelque chose de nouveau à chaque disque ? Vous avez aussi repris un morceau de Blitz...
Nous ne cherchons pas un son, nous allons tout simplement avec lʼinspiration du moment. Si vous remarquez il nʼy a pas vraiment de solo de guitare ou de roulements de caisse claire, cʼest bien carré et très simple. La basse est en première ligne se qui est assez rare dans la musique oi!. On a écrit la totalité des morceaux assez déchirés et les enregistrements se font généralement très tard dans la nuit quand ont est tous bien bourrés. Pour le split, Carlos, le chanteur a tout fait dʼun coup à 4h du matin, sans reprendre une ligne. Je vais avouer que jʼai jamais compris comment il a fait, on tenait à peine debout tellement on était défoncés. A propos de Blitz, cʼest sûr que cʼest une influence pour nous tous mais cʼest aussi un incontournable de la oi! anglaise. Essayez un instant dʼimaginer le monde du Punk si Blitz nʼavait pas existé? Never Forget The Warriors!!!!!!!!!!!
[dead hero] Paula, tu vis maintenant à Montréal. Comment trouves tu la scène par rapport à celle de Bogotá ? Pourquoi avoir renomé l'intro instrumental du précédent disque MTL-BTA (Montréal-Bogotá) ? C'est à ce moment là que tu es arrivée à Montréal ? Comment s'est passée ton intégration ?
La scène ici est très organisée, conviviale il y a beaucoup de festivals et d'activités, grâce à cela j'ai eu l'occasion de voir de nombreux groupes de différentes parties du monde et de rencontrer des gens incroyables mais Bogotá me manque beaucoup et cela me fait penser que malgré les problèmes sociaux et économiques, la scène est beaucoup plus sauvage, plus vivante en Colombie. L'adversité fait de la musique notre évasion et on donne tout ! Ma peau se hérisse chaque fois que je parle de Bogotá. La plupart des gens là-bas sont très actifs, créatifs et amicaux. Je recommande d'aller à Bogotá, vous ne le regretterez pas.
MTL -BTA est une chanson qui est née après notre première tournée au Canada, cette mélodie décrit l'incroyable connexion que nous avions avec les punks de Montréal, nous avons noué une très belle amitié. Il y a quelque temps et grâce à Carlos (Rat Trap Records) et à toute la gang, il était possible que certains groupes de la scène montréalaise aillent jouer à Bogota et aussi que beaucoup d'entre eux viennent nous rendre visite. Cela a renforcé notre amitié et notre connexion depuis 1 an. J'ai décidé de visiter Montréal une deuxième fois mais j'ai fini par rester y vivre.
[ultra razzia] Vous sortez ce split sur Primator Crew, comme votre précédent disque. C'est Bertel qui a proposé le split ou alors c'est vous qui vouliez partager ces nouveaux morceaux sur un disque en commun avec Dead Hero ? Maintenant que Paula vit à Montréal, vous vous côtoyez ?
Au départ, Ultra Razzia devait sortir un 12’’ une face mais en cours de route, jʼai dû remplacer un membre de Dead Hero (Luigi) pour la tournée japonaise qui a eu lieu lʼété passé. Dead Hero avait alors décidé dʼenregistrer quelques nouvelles chansons et cʼest moi qui avait fait la basse sur la plupart des pistes, du coup je me suis dit pourquoi ne pas se servir de la face inutilisée du disque de UR pour y jumeler le nouveau matériel de Dead Hero. Bertel a bien aimé lʼidée et nous avons commencé a bosser sur le projet. Moi et Paula sommes maintenant mariés et nous vivons ensemble mais pas de nouveau projet musical pour nous deux en vue pour lʼinstant.
[ultra razzia] Pour le précédent disque, vous avez décidé de le sortir en Europe via Primator Crew avec un master signé Maxime Smadja. Et vous avez sorti une autre version avec un mix/master différent pour le marché américain sur Foreign Legion. Pourquoi ? Vous referiez la même chose si le split venait à sortir sur un label québécois ?
Les labels voulaient quelque chose de différent alors nous avons fait deux pochettes différentes, mais pourquoi sʼarrêter là ? Nous avons alors cherché une seconde façon de rendre chaque pressage bien distinct. Mais cʼest là que le stress a débuté car jʼétais inquiet quʼun des deux masters soit beaucoup mieux que lʼautre, imaginez le label qui compare son master et qui est déçu et trahi. Heureusement les deux techniciens ont fait un superbe travail, Santi (batteur de Dead Hero) nous a fait un super bon son pour la version nord-américaine et Maxime (batteur de Rixe) la même pour la version européenne. Je ne referai plus jamais ça cʼest trop de boulot a gérer.
[dead hero] Paula, si je te dis, PETITE (de Portland), CRAN (de Paris), Ça te parle ? J'ai vraiment l'impression que ces 3 groupes (aussi éloignés soient ils géographiquement) ont pas mal de similitudes.
J'ai écouté Cran et j'ai eu l'occasion de voir Petite, ce sont deux très bons groupes, mais personnellement je pense que ce sont des styles différents.
[ultra razzia] Vous avez fait le choix de chanter en français. Même votre reprise de Blitz est traduite en français. Ça serait pas plus facile de chanter en anglais pour aller plus souvent aux USA ? A moins que ça ne vous intéresse pas d'y jouer ?
Vous pensez quoi de l'aide à la francophonie comme a pu profiter Les Vulgaires Machins. (ndlr : le groupe avait la masse de sub pour pouvoir tourner un max afin de diffuser la langue française). Ça existe toujours ? Vous en bénéficiez ?
Cʼest plus facile de chanter en français pour nous alors que chanter en anglais nous demande plus de concentration et comme on est toujours bourrés, ce nʼétait pas une très bonne idée. En français les textes sʼécrivent plus vite et comme cʼest notre langue première lʼinspiration est toujours au rendez-vous. Pour les USA ce nʼest pas un problème, le français dans la oi! ils adorent, ça leur rappelle les incontournables quʼils aiment du genre « Chaos En France ». Le pressage de Foreign Legion sʼest vendu en majeure partie au USA et ça, en moins dʼun mois, mais malheureusement il est quasi impossible pour nous de tourner aux États-Unis avec nos erreurs de jeunesse qui sont encore mal vues aux frontières américaines.
Nous ne demandons aucune aide gouvernementale liée directement ou indirectement avec lʼétat , nous détestons avoir des comptes à rendre et avoir à nous plier aux règles pour avoir leurs subventions. Jʼai aucune idée si ça existe encore mais il y a toujours moyen de sʼentraider entre nous, la scène oi! a toujours été une grosse famille unie prête a sʼentraider.
[dead hero] Et en Colombie, ça se passe comment quand on est un groupe de oi! ? Pas trop dur ? Vous avez déjà rencontré des problèmes de la part de vos opposants politiques ? Vous vous situez où ?
Je pense que dans toutes les villes et scènes, vous trouverez toujours des adversaires, et politiquement, notre position est claire, nous nous penchons vers l'anarchisme. Dans mon adolescence j'étais skinhead et comme je l'ai dit plus tôt, Bogotá est une ville très sauvage (dans tous les sens). Nous n'avons jamais eu de problèmes avec les skins, beaucoup d'entre eux sont mes amis mais tous ne soutiennent pas notre groupe, il n'est pas courant de voir un groupe de punks faire de la oi!.
C'est facile de faire des concerts en Colombie ? Y'a une scène là-bas ? Ou ça se concentre sur la seule ville de Bogotá ?
Je ne suis pas la bonne personne pour commenter cela car je ne vis pas à Bogotá et beaucoup de choses ont changé, mais je sais qu'il est de plus en plus difficile de faire des concerts car il n'y a plus de lieux ou d'espaces pour l'art. La situation sociale, politique et économique, la gentrification tuent l'art, mais tout n'est pas perdu, des collectifs comme Rat Trap à Bogotá, les groupes, les artistes, les jeunes continuent de se battre.
Je pense que la plupart de la scène punk est concentrée à Bogotá car c'est une grande ville avec plus de 9 millions d'habitants, mais il y a aussi une grande scène dans des villes comme Medellin, Cali, Ibague, Manizales,
[ultra razzia] Et vous à Montréal ? J'ai pu voir que l'extrême-droite est de plus en plus décomplexée. Quel est votre avis en tant que groupe SHARP ? Et c'est comment / ça se passe comment un concert d'Ultra Razzia à domicile ?
Montréal cʼest propre et strict, rarement il y a les gros cons de Légitime Violence / Atalante (Ville de Québec) qui se ramènent discrètement pour y coller 4-5 posters de propagande anti-immigration mais ils ne viennent pas « Taper du Rouge ou du Sharp »… la riposte serait brutale. Disons que leurs visites se résument à démontrer sur Facebook qu’ils sont venus à Montréal. Les nazis ne se pointent plus dans les concerts oi! depuis très longtemps et cʼest très bien comme ça.
[dead hero] Paula, tu connaissais The Prowlers avant de venir au Québec ?
Oui, j'ai déjà entendu les Prowlers , je pense que c'est un bon groupe, mais je pense que le bassiste est ce que j'aime le plus hehehe.
Maintenant que tu es à Montréal, tu as pas un nouveau projet de groupe? Tu continuerais à chanter en espagnol?
Maintenant j'ai un nouveau groupe appelé Ruidos où je chante aussi en espagnol, mais le style est très différent de Dead Hero, nous faisons quelque chose de plus proche du D-beat
[ultra razzia] Je suis vraiment grillé de votre morceau « Perte Totale ». Et vous ?
Cʼest un bon morceau et dʼactualité avec le Covid-19, une des très rares chansons avec des roulements à la batterie.
[dead hero] Mon morceau préféré est "Perdiendo El Tiempo". Et toi c'est lequel ? De quoi parle t'il? (no hablo español)
Je pense que votre espagnol est meilleur que mon Google Translate français. Perdiendo el tiempo (Perdre du temps) parle de la vie que nous ne voulons pas vivre et du pessimisme avec lequel nous sommes élevés, nous disant qu'il n'y a rien de mieux, que nous sommes tous liés à un avenir incertain et qu’il n'y a pas d’issue. Parfois nous sommes obligés de vivre une vie qui ne nous satisfait pas. Nous ne voulons pas vivre comme ça. Nous ne voulons pas perdre notre temps.
[dead hero] J'ai diffusé à la radio un morceau que je ne retrouve nulle part. "Nunca Mas". Comment ça se fait qu'on ne le trouve plus ?
Après avoir écouté cette chanson plusieurs fois, nous ne l'avons pas aimé, nous avons donc décidé de la faire disparaître.
Vous avez prévu de tourner ensemble en Europe ? Si oui, on veut bien s'occuper de la date à Lille !
Martin UR : Nah… rien pour lʼinstant et avec la situation actuelle aussi bien ne pas commencer à prendre dʼengagement. Lille ça serait cool ! Sûrement pour bientôt.
Paula DH : Ce serait formidable pour nous de jouer là-bas, mais pour l'instant nous n'avons pas prévu de tourner.
Quels sont les groupes que vous écoutez en ce moment ? Quels sont les groupes européens / français que vous écoutez ?
Martin UR : Il y en a trop ! Dans les nouveaux groupes : Cran, À Cran, Récidive, Tchernobyl, Rough Cuts, Cuero, Brux, Royal Hounds The Elite, Sous Escorte, Kong Kong. Il y a tellement de bons groupes basques, russes, japonais ou bien malasiens et encore.
Mais pas de cachette, la plupart du temps les pionniers de la oi!/punk 80ʼs reste la musique quʼon écoute le plus.
Paula DH : En ce moment j'écoute beaucoup les groupes de Bogotá : Uzi, Muro, Final, Infra, Trampa.
C’est quoi les plans pour le futur ?
Martin UR : No future… Écrire plus de chansons, une tournée en Europe et de la bière !!!
Paula DH : Quand toute cette crise sera terminée, faire une petite tournée avec Dead Hero en Amérique du Nord, et créer un nouveau groupe avec Marty.
Comment as tu eu l'idée de sortir un split entre Ultra Razzia et Dead Hero ? Ce sont des groupes avec qui tu as des affinités ? Tu les as déjà vus en concert/programmés ?
Bertel : A la base, cela devait être un maxi d'Ultra razzia. Martin (bassiste d'UR), ayant accompagné Dead Hero sur leur récente tournée japonaise, savait qu'ils avaient 4 titres récents (puisqu'il joue sur 3 des titres) qui n'étaient sortis qu'au Japon en cd pour la tournée. Il a donc proposé de faire une face par groupe. Aimant beaucoup les précédentes productions des colombiens, j'étais ravi de l'idée. Pour Ultra Razzia, je les avais rencontrés quand 3 d'entre eux jouaient encore dans The PROWLERS, pour lesquels j'avais participé à l'organisation d'une date à Nantes. On a fait jouer Ultra Razzia à Rennes pour leur tournée européenne avec Bromure, suite à leur premier album. Pour Dead Hero, j'ai essayé de les faire jouer sur leur unique tournée européenne il y a 2 ou 3 ans mais cela ne s'est malheureusement pas fait (problème de dates / routing). Je ne les ai donc jamais vus en live …
Quel est ton morceau préféré du spilt ? Pour chacun des groupes.
Pour la face Ultra Razzia, je trouve que l'ensemble est vraiment bien, avec un trio de tête « en vain », « les boulevards » et « nos chemins », avec un faible pour ce dernier. Pour la face Dead Hero, petite préférence pour « Falsas promesas » et je trouve que la reprise de Blitz finit bien le skeud.
C'est ta 15ème prod. Comment tu fonctionnes ? Au coup de cœur ? T'as un planning de sortie(s) ?
Au début, c'était surtout pour filer un coup de main aux potes / groupes locaux et petit à petit, j'ai eu des opportunités pour sortir des groupes « extérieurs ».
Bien entendu, il faut que j'aime la musique, mais pas que. La démarche et l'attitude sont aussi importantes. Si ça me plaît et que ça passe bien avec le groupe, on le fait. Je sais que certains projets marcheront plus que d'autres mais ce n'est pas un critère. J'ai déjà refusé des groupes qui étaient pourtant bien bankable, mais dont la zik ou la façon de faire/de voir les choses ne me plaisait pas.
Idéalement, j'aime bien connaître les gens des groupes, c'est le cas pour toutes mes prods (à l'exception de Dead Hero) et j'espère que ça va durer. Pour la plupart, on est toujours en contact (même quand les groupes ont splitté). Je n'ai pas de planning de sorties, comme pour la distro et les concerts, quand il n'y a rien qui m'intéresse à venir, je ne vais pas aller exprès chercher quelque chose pour avoir une actualité. J'essaye de faire un bon travail et une bonne promo pour chaque sortie / groupe donc j'essaye de ne pas en avoir trop en même temps. Je travaille généralement seul en tant que label, quelques fois en co-production si cela peut avoir un intérêt pour la diffusion (avec un label d'une scène ou d'un pays / continent différent). Je ne suis pas trop fan des multiprods, certes intéressantes pour aider le groupe mais souvent galère pour la distribution ensuite.
Cette année, j'ai pas mal de projets intéressants qui se concrétisent donc il faut aller jusqu'au bout, mais sinon je pense que sortir un disque tous les 2/3 mois maximum (soit 4 ou 5 par an) serait ma limite pour continuer à faire ça sereinement. Ce n'est pas mon boulot et je n'ai pas envie que ça devienne une corvée. J'aime bien travailler sur la longueur (quand c'est possible) avec les groupes. Si tu regardes la composition des différents groupes sortis sur le label, ça frise la consanguinité héhé Mais si un jour un groupe rencontre un certain succès et qu'il a une proposition d'un label plus gros / lui donnant plus de moyens, je comprendrais tout à fait qu'il « quitte » Primator. Je fais de mon mieux pour accompagner les groupes (promo, stock de disques pour les tournées, chercher des plans, …) mais je ne souhaite pas avoir à proposer du merch ou des choses du style. Si les groupes veulent le faire, ça m'arrange (et ça leur fait du cash) mais moi je n'aurais pas le temps / l'énergie de le faire.
Tu vends des disques depuis quelques années maintenant, comment tu vois l'intérêt des gens ces dernières années pour le support vinyle? Toi tu consommes comment ta musique ?
Effectivement, même si j'ai pas souvenir de la date de mise en place exacte de la distro et du label (deux activités parallèles / complémentaires par rapport à l'orga de concerts), ça doit faire presque 10 ans que j'ai commencé à distribuer des disques et les premières « véritables » sorties du label datent de 2015. J'ai l'impression qu'il y a un retour au format matériel (vinyl et éventuellement cassette, je pense que le cd est bel et bien mort) depuis quelques années, après un pic de consommation de mp3 et de la dématérialisation de la musique, et malgré l'omniprésence du streaming de nos jours.
Pour ceux qui achètent (chez moi en tout cas) des vinyls, au niveau de l'âge, cela se situe entre 25 et 45 ans. Malgré ce que je pensais, le phénomène des rééditions touche davantage les plus âgés que les jeunes (alors que pour moi, ça permet d'avoir accès à des indispensables sans débourser 50 euros). J'ai peu de clients de moins de 25 ans, ou alors très occasionnellement et généralement juste pour un disque bien précis. Le « retour au vinyl » aura au moins eu l’intérêt à ce que les labels fassent plus attention au produit (il suffit de regarder les disques qui sortaient il y a une quinzaine d'année, aujourd'hui il y a davantage de travail sur le son, sur l'objet...), avec des dérives débiles comme les tirages limités hors de prix dès la mise en vente, les multiples versions / couleurs, les disques signés par le groupe. Les majors l'ont bien compris et n'hésitent pas à le faire pour « justifier » des repress à prix exorbitants. Certains labels punk & co commencent à fonctionner pareil (en se focalisant sur les repress), mais après tout, les punks & skins ne seraient-ils pas devenus des consommateurs lambdas ?
Je ne pense pas que l'accès à la musique numérique réduise la vente de vinyles. Les gens sont juste plus sélectifs et le rôle « conseil » du vendeur se perd peu à peu. Les gens y vont moins à l'aveugle.
Je suis un peu à la masse sur le numérique donc j'écoute en grosse majorité des vinyles chez moi (quelques cassettes quand ce n'est pas dispo en vinyl), des cds en voiture et quelques mp3s quand je fais du sport. J'écoute très peu de musique sur internet, uniquement pour aller me faire une idée des groupes (surtout pour la distro quand je fais des échanges). Si ça me plaît, je prends en vinyle (je suis un gros consommateur de disques).
C'est quoi les prod à venir ?
Dans les projets qui sont déjà bien avancés et qui devraient sortir dans les prochains mois, il y a un EP de Faction S (oi! Agressive Paris, 3 nouveaux titres), un EP de Force Majeure (oi! Montréal) et l'album d'Abuse (notre « punk rock all star band » local, en co-prod avec Poch records). Sûrement un autre groupe québécois par la suite et normalement, on devrait avoir du nouveau son pour Teenage Hearts et Squelette d'ici la fin de l'année / début de l'année prochaine.
Un/des groupe(s) à nous conseiller ?
Niveau « nouveauté », en punk/oi! Les derniers trucs qui m'ont bien accroché sont Still Defiant (punk rock / oi! Allemand), Nagön (même si le son ultra crade fatigue un peu sur la longueur), The Complicators (oi! /streetpunk US), le maxi de Gutter Knife (oi! UK avec une grosse touche punk/hardcore), le maxi de Royal Hounds (oi! US, qui me fait beaucoup penser à Niblick Henbane, groupe que j'adore) et Death Ridge Boys (oi! US faite par des crusts, ultra productifs!). En français, on va dire Cuir, l'album de Bleakness et le split Squelette / Bromure (surtout la face Squelette). En Hardcore / punk, la cassette et le EP de Rated X (avec des membres de Violent Reaction & co), le EP de Chronic Abuse (Hardcore punk rageur allemand, avec le chanteur – ricain lui – de No Time / Blood Pressure), l'album de Pressure Pact (hardcore punk hollandais) et niveau français Insecurity et Schizoid. En trucs plus calmes, j'ai beaucoup écouté l'album de Chain Cult et celui de Chubby & the gang.
Pour tout ce qui est nouveautés punk /harcore /oi! (souvent obscures), checkez la chaine YT «No punks in k-town ».
Bertel. Primator Crew. avril 2020.